Ananda K. Coomaraswamy. La rencontre des yeux.

La rencontre des yeux[1]

(Publié pour la première fois dans Art Quaterly, VI (1943)

     Dans certains portraits, les yeux du sujet semblent regarder directement vers le spectateur, qu’il soit face à l’image ou qu’il se déplace à droite ou à gauche de celle-ci. Il existe, par exemple, de nombreuses représentations du Christ dans lesquelles son regard semble retenir le spectateur où qu’il soit et le suivre avec insistance lorsqu’il se déplace. Nicolas de Cues avait vu de telles représentations à Nuremberg, Coblentz et Bruxelles ; un bon exemple est la tête du Christ de Quentin Matsys, à Anvers. Le type semble être d’origine byzantine[2].

Quentin Matsys : Christus Salavator Mundi

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Ananda K. Coomaraswamy. Manas

Pour ce numéro 22 des Cahiers de l’Unité, nous proposons la traduction de l’essai qui a pour titre Manas d’Ananda K. Coomaraswamy, publié en 1940.

Ces quelque lignes de l’éditorialiste de cette excellente revue nous introduisent à ce texte.

« À partir des Upaniṣad et des Commentaires des Vedas (Brāhmaṇas), Coomaraswamy aborde la notion initiatique fondamentale d’a-manas, la « non-pensée », qui est également celle d’amanībhāva (a-manas-bhāva), l’état (bhāva) d’arrêt de la pensée, notion bien connue de l’Advaita Vedānta, en particulier chez Gaudapāda, le paramaguru (guru du guru) de Śaṇkara, dans son Māndūkyakārikā (III, 31, 32 ; IV, 28). À manolaya (manas-laya), la « résorption de la pensée », par le prāṇāyāma, la discipline du souffle, qui retient l’activité mentale comme la cage retient l’oiseau, Śrī Ramana Maharshi privilégiait manonāśa (manasnāśa), la « fin du mental », au double sens du mot « fin » par l’Ātma vicāra, la discrimination intérieure constante, à l’aide du fameux « Qui suis-je ? » du Jñana yoga. »

Ananda K. Coomaraswamy. Eléments pour une métaphysique traditionnelle.

 

Devant l’ampleur des problématiques métaphysiques développées dans l’œuvre de Coomaraswamy ; Non-Être et Être, non-dualité, âme-corps-Esprit, angélologie védique, temps et espace, non-manifestation et manifestation, potentialité et acte, forme et accident, aeviternité et éternité, etc., nous avons choisi certains aspects de celle-ci, en sachant qu’il s’agit d’un véritable filet où toutes les thématiques sont rassemblées. Fonctionnant les unes avec les autres dans un jeu de miroirs.

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Ananda K. Coomaraswamy. Les symboles.

Les Symboles

 

Les symboles[1] et les signes, qu’ils soient verbaux, musicaux, dramatiques ou plastiques, sont des moyens de communication. Les références des symboles renvoient aux idées et celles des signes aux choses. Un même terme peut être symbole ou signe selon son contexte : la croix par exemple, est un symbole lorsqu’elle représente la structure de l’univers, mais un signe lorsqu’elle représente un carrefour. Les symboles et les signes ne peuvent être ni naturels (vrais, par propriété innée) ni conventionnels (arbitraires et accidentels) traditionnels ou privés. Avec le langage des signes, employé à titre indicatif dans un langage profane et dans un art réaliste et abstrait, nous n’aurons plus à nous en préoccuper dans le cadre actuel. Par « art abstrait » nous incluons un art moderne qui évite volontairement la représentation, par opposition à « l’art principiel », le langage naturellement symbolique de la tradition.

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