Ṛgveda. X.129.1-7. bhāvavṛtta

Traduction A.K.Coomaraswamy (in Une nouvelle approche des Vedas)

« Les traductions existantes de textes védiques, si exactes soient-elles étymologiquement, sont trop souvent inintelligibles ou non-convaincantes, et même quelquefois reconnues inintelligibles par le traducteur lui-même (…) Les traducteurs des Vedas ne semblent pas avoir eu de connaissance préalable en métaphysique, mais plutôt avoir puisé leurs premières et seules notions d’ontologie aux sources sanskrites (…) Il est très évident qu’une connaissance du sanskrit, aussi profonde qu’elle soit, ne suffit pas à la compréhension des Vedas. Les Hindous eux-mêmes ne s’en remettent pas, pour cela, à leur connaissance du sanskrit, mais insistent sur l’absolue nécessité de l’étude aux pieds d’un guru.  »

 

Ṛgveda X.129.1-7 bhāvavṛtta

nāsadāsīnno sadāsīttadānīṃ nāsīdrajo no vyomā paro yat /
kimāvarīvaḥ kuha kasya śarmannambhaḥ kimāsīdgahanaṃ gabhīram //1//

 » La Non-existence (asat), alors, n’était pas, ni l’Existence (sat) ; ni le Ciel (rajas), ni l’Empyrée (vyoman) là-haut dans l’au-delà. Qu’est ce qui couvrait le tout (āvarīvar) et en quel lieu? Qu’est-ce qui était un lieu-de-repos (śarman)? Qu’étaient les Eaux (ambhaḥ)? – L’insondable abîme (gahanaṃ gabhīram) » (1)

na mṛtyurāsīdamṛtam na tarhi na rātryā ahna āsītpraketaḥ /
ānīdavātaṃ svadhayā tadekaṃ tasmāddhānyanna paraḥ kiṃ canāsa //2//

« Alors, il n’y avait ni mort (mṛtyu), ni vie (amṛta), ni distinction (praketa) de nuit et de jour : cet Un respirait (ānīt) sans souffle (avāta) par puissance-intrinsèque (svadhā) ; il n’y avait rien d’autre, ni quoi que ce soit là-haut dans l’au-delà. » (2)

tamāsīttamasā   gūḷhamagre’praketaṃ salilaṃ sarvamā idam /
tucchyenābhvapihitaṃ yadāsīttapasastanmahinājāyataikam //3//

« Au commencement (agre), l’Inerte-Sombre (tamas) était caché (gūḷha) par l’Inerte-Sombre (tamas). Ce tout était fluide (salila), indéterminé (apraketa). Le vide (tucchi) par le vide (ābhu) était couvert (apihita) : Cet Un était né (ajāyata) par la toute-puissance (mahi) de la tension intérieure (tamas). » (3)

kāmastadagre samavartatādhi manaso retaḥ prathamaṃ yadāsīt /
sato bandhumasati niravindanhṛdi pratīṣyā kavayo manīṣā //4//

« Au commencement, la Volonté (kāma) surgit (samavartata) au dedans, la semence (retas) primordiale de l’Intellect (manas), cela fut le (principe) premier. Cherchant le coeur (hṛd) entièrement par pensée (manīṣā), les Sages-incantateurs (kavayaḥ) y trouvèrent la souche (bandhu) de l’Existence (sat), dans le Non-existant (asat). » (4)

tiraścīno vitato raśmireṣāmadhaḥ svidāsīdupari svidāsīt /
rethodhā āsanmahimāna āsantsvadhā avastātprayatiḥ parastāt //5//

« Quelle trace fut éployée au-dessous, et quelle, au-dessus? La Semence (retas) était, la Toute-Puissance (mahimānaḥ) était ; la Force-Intrinsèque (svadhā) au-dessous, l’Intention (prayati), au-dessus. » (5)

ko addhā veda ka iha pra vocatkuta ājātā kuta iyaṃ visṛṣṭiḥ /
arvāgdevā asya visarjanenāthā ko veda yata ābhabhūva //6//

Qui peut bien le savoir? Qui peut ici l’énoncer? D’où cela fut-il né (ājātā)? D’où cela est-il sorti à flots (visṛṣṭiḥ)? Ces Anges (devāḥ) sont issus de son émission (visarjana). D’où, alors, vint-il à être (ābabhūva)? Qui le sait? » (6)

iyam visṛṣṭiryatā ābhabhūva yadi vā dadhe yadi vā na /
yo asyādhyakṣaḥ parame vyomantso aṅga veda yadi vā na veda //7//

« D’où, en sa sortie (visṛṣṭiḥ), cela vint-il à être (ābabhūva), ou bien – quelqu’un – en décida-t-il (dadhe) ou non? Celui qui est l’Oeil-d’en-Haut (adhyakṣa) de cela dans le suprême Empyrée (vyoman), Il le sait vraiment, ou ne le sait pas. » (7)

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