A.K.Coomaraswamy. On translation māyā deva tapas

 

 

Texte important pour comprendre l’Angélologie Védique ; le chapitre concernant le terme  deva.

 » Īṣvara (saguṇa Brahman, Ātman ) et les noms personnels tels que Śiva ou Viṣṇu sont seulement les équivalents corrects en Sanskrit pour « Dieu » au sens Chrétien ; le nirguṇa Brahman étant la Déité. Du fait que Īśvara est aussi Deva, Bhūta, Yakṣa, Asura, etc…bien que le dirigeant dans chacune de ces classes ( comme si souvent noté par le préfixe mahā, « Grand », comme dans mahādeva ), et dans la mesure où chacune de ses désignations génériques puisse être appliquée en référence à une variété infinie d’états, dans les « Trois Mondes », est survenue la notion répandue d’un polythéisme Hindu ; comme le point de vue Musulman selon lequel la Trinité Chrétienne représente un polythéisme, bien que ceci soit une interprétation erronée. (note : On peut très bien comprendre comment les docteurs Islamiques ont pu mal interpréter la doctrine de la Trinité comme un polythéisme, si nous considérons de tels états comme St Thomas : « Nous ne disons pas le seul Dieu, pour la Déité qui est commune à plusieurs » (Sum Theol. I.Q.31, X.2). Ce qui est plus remarquable ;  » (…) les hommes saints sont nommés dieux par participation. » (St Thomas, Sum Theo.I.Q.108.A.5). Les chercheurs Indiens doivent être avertis avant de prendre pour acquis un « polythéisme » ou alors inventer le terme « kathenothéisme »)

Mais comme un Chrétien doit dire, et Eckhart le fait, que Dieu est « Etre Simplement », on doit encore parler d’autres « êtres », de toutes sortes sans vouloir que Dieu soit simplement un être parmi d’autre. Sans être inférieur ou égal à un autre. Soit les deux, où une unité et une hiérarchie sont reconnues dans les termes Védiques, deva, etc…Même à l’intérieur de la Chrétienté il y a eu des discussions sur l’exactitude de nommer Dieu un ange, la conclusion générale étant que ceci est plus une manière de convenance que de foi, l' »Ange du Grand Conseil  » de Isaie IX.6, Sept Ver, qui sans doute se réfère à Dieu, cf l’expression d’Eckhart « Le premier Ange », et « L’unique Ange » de la Bṛh Up I.2.7.

                                                           Agnideva

Le rendu usuel et non discriminé de deva comme « Dieu » ou « dieu », bien que se référant à des « idées fixes » supposant un polythéisme païen, a également une sanction étymologique, et offre un bon exemple d’une erreur qui peut survenir à partir de la négligence d’une dérivation correcte scientifique.  Deva correspondant en fait au Latin « deus », la Déité Anglaise, divine, bien qu’une mise en garde puisse être faite à partir du « daeva » du Zend, que le terme Sanskrit  deva ne dénote pas toujours avec précision « Dieu ». Deva  est littéralement « Celui qui brille » ; le rendu correcte est « Ange, » les deva les plus hauts étant les principes ou intelligences pures, ou « Aeons », dont le « brillant » ( prabhā, prakāśa), est représenté en art par des nimbes ou des rayons, est reflétées dans les possibilités de l’existence ( Māyā ou Āpaḥ les « Eaux ») comme actualité, existence. Devas et Devatās sont nommés les « limbes » ou « membres (aṅga) de Brahman, ou les « attributs » (bhakti) ou « pouvoirs » (vibhūti) de l’Ātman selon leur hiérarchie (sthāna-vibhāga) : comme les Anges de la Chrétienté sont les ministres, les pouvoirs, et les messagers de Dieu, dans leurs hiérarchies et leurs ordres. La correspondance va si loin, que comme dans la tradition Indienne nous trouvons les sièges et les véhicules (āsana vāhana) et des attributs et des armes (āyudha puruṣa etc…) des Devas.  Īśvara inclus. Ils sont aussi évoqués et représentés iconographiquement comme des Devas. Il en est de même pour les hiérarchies Chrétiennes incluent dans le choeur où les plus hautes sont l’ordre des « Trônes », et ensuite celui des « Pouvoirs ». La vertu des « Pouvoirs » étant que la Volonté Divine « impose un ordre à son sujet », ceci afin de « contraindre les mauvais esprits, ». A partir de là, comme pour le Āyudha Puruṣa des Devas indiens, il apparaît comme commandements, et sont les moyens à partir desquels la Volonté est accomplie. Les Anges et les Archanges sont ordonnés dans le choeur le plus bas, et les fonctions sont alors reliées à la vie humaine à proximité. Et ils sont envoyés aux hommes comme messagers, ou bien agissant comme des gardiens régionaux ou individuels. Il y a là de nombreux parallèles avec la tradition Indienne, même en ce qui concerne l’existence de gardiens individuels (ārakha devatā). Les traditions Védiques et Chrétiennes sont aussi en accord en ce qui concerne la dépendance vis-à-vis d’un mouvement local. Et, finalement, alors que le nombre des Devas est souvent donné pour être 33.000, et que les Anges sont incalculables, voici les mots de St Thomas peuvent s’appliquer ici : « Il n’a pas été dit ce que signifie le nombre précis des Anges ».  (note:  Les références de ces passages du paragraphe sont : Nirukta.VII.5, Bṛhaddevatā.I.70,71,73, 74 et 98, Bṛhadāraṇyaka Upaniṣad.III,8sq, Tāittirīya Upaniṣad.I.5, angānyanya devatāḥ et mon Yakṣas Part I et II, St Thomas. Sum Theo.I.Q.107,A.4, ibid Q.108,A5-7,ibid Q.112.A4 et ibid Q.113.A.1)

                                                           Ādityadeva

Puis, quand les Devas comme individus sont nommés « immortels » ( amara) ceci fait référence à leur perpétuité sur un plan donné de l’être (loka) n’étant pas sujet à un quelconque changement d’état (punar mṛtyu), « de nouveau mort, » dans le cours du Temps. ( note : La tradition védique envisage le voyage (yāna) de l’individu après la mort comme un passage se poursuivant, d’un plan de l’être à un autre, avec la possibilité d’une perpétuité sur un plan donné jusqu’à la fin des temps, avec un retour à une incarnation en un autre âge, pour ceux qui n’ont pas achevé soit une gnose totale ou partielle. La dernière doctrine de l’incarnation en laquelle la possibilité d’un retour à un plan antérieur ou même plus bas, semble représenter les tendances édifiantes d’extensions religieuses. Peut-être, incorporant des éléments populaires non-védiques, voir mon Yakṣas I.p 14 note 1. L’idée d’une renaissance actuelle sur un plan antérieur, dans le cas d’une « incarnation spéciale » (avatāra) est évitée, dans le cas du Buddha, par la doctrine du nirmāṇa-kāya, qui correspond à l’hérésie Docétique dans la Chrétienté ( le Fils de l’Homme = nirmāṇakāya, le Christ en Gloire = saṃbhogakāya, le Christ comme Logos = dharma-kāya.)

Le mot karman ne doit pas être rendu par « causalité », mais simplement par « travaux, » « action, » « faire, » etc…Dans la mesure où nous pouvons penser que toute cause et effet sont séparés dans le temps. Le mot apūrva, « latence, » « non immédiateté, » représente l’équivalent le plus proche de « causalité »; la pūrva-kara-kṛta-vāda, « afin de former une doctrine de l’action » soutient qu’une action antécédente a déterminé l’événement présent. Cf Edgerton, Mīmāṃsā Nyāya Prakāṣa. New Haven. 1920.

                                                          Vāyudeva

« La réincarnation » comme elle est interprétée par les Bouddhistes (et maintenant par les Théosophistes) n’est pas une doctrine Védique. Même la descente des pitṛ, « des Pères » (terme collectif) n’est pas un retour des individus comme tels, à un état d’être antérieur, mais beaucoup plus une voie générale imprévue (adṛṣṭa) relevant de causes antécédentes ou « inhérentes » dans un effet présent. Le Devayāna et le Pitṛyāna sont l’ascension et la descente de l’échelle de Jacob. Bien que ceci n’empêche pas un retour de leur être à Brahman à la fin du Temps (kalpānta). (note : Mahā-pralaya, en termes Chrétiens le « Jugement Dernier. » Ceux qui sont « jugés » et admis au « paradis », ce qui est l’immortalité non-contingente et absolue, correspond à ceux, en termes Védiques, qui ont achevé une réalisation partielle suivant le pitṛ-yāna ou le deva-yāna : le jugement et la « damnation » pour ceux qui sont liés (pāśa, individualité, ignorance, péché) ont été tels qu’une telle possibilité est empêchée. Même d’un affranchissement partiel et reporté (krama-mukti), et doit par conséquent attendre dans une « éternité », mais pas dans une latence éternelle, leur retour mortel en un autre Temps (kalpa), quand la possibilité d’achever ou de ne pas achever une totale réalisation différée ou immédiate qui se présentera encore à lui. « La damnation » en ce sens, c’est-à-dire une condamnation de soi à une latence infinie (bien que non éternelle), une annihilation relative (bien que non absolue), est adjugée pour ceux qui conçoivent l’Ego comme le Soi, pensant que pour agir « pour le Soi » ne signifie rien, mais uniquement satisfaire tous les désirs de l’Ego, en servant le corps ici et maintenant. Ceux qui vivent ainsi une « asura upaniṣad périront » (Chāndogya Upaniṣad.VIII.8.) En termes Chrétiens, « La chute » consiste en une assertion de l’indépendance, une subsistance personnelle de l’Ego (Satan proclame son « égalité avec Dieu »). La même chose en nature, est décrite comme manger le fruit de l’Arbre de la Connaissance de Dieu et du Mal ( qui est l’Arbre de Vie conçu en termes de « paires d’opposées ».) Cet Arbre doit être vu par le Soi avec une grande joie, comme poussant dans le Jardin de la Vie (prāṇārāma). Mais le fruit, par conséquent, ( « les choses comme elles sont en elles-mêmes, » non comme « elles sont en Dieu ») assimilé (tadākṛtvā) par l’Ego, est un venin mortel (viṣa, cf la racine VIṢ- et ses autres sens). Manger du fruit c’est l’acceptation de ce qui est rien en soi, ainsi « un péché Mortel » contre l’Esprit, la Mort du point de vue de la Vie éternelle. Seul le Soi peut avaler un tel venin et demeurer en Vie : comme Śiva le fait quand par une autre image le dvandva est produit au Barattement de la Mer de Lait ( « Les Eaux », les possibilités de l’être), les marques à partir desquelles se produit cette teinture bleu-noire de sa gorge comme Nīlakaṇṭha Viṣakaṇṭha Viṣāgnipā, et son « addiction » aux drogues. La sujétion apparente du Soi pour la tragédie (arta) de « la vie », qui accepte la douleur, est la Passion de Dieu en Tout Homme. Une sorte de mort, en effet, mais absolument, « mors janua vitae ». (note: Les Bodhisattvas sont conçus soit comme ājānaja-devāḥ (Tāitt.Up.II.8) « naturels » ou « anges engendrés », ou comme ayant pris naissances, et alors comme karma-devāḥ (ibid) « les anges devront respecter les actes », immuables après la mort, comme Sauveurs ou Intercesseurs jusqu’à la fin du Temps, où ils doivent être pour toujours dans le Temps. Ne résistant pas à une totale dé-spiration (nirvāṇa) et totalement à l’intérieur de leur domination. Les Bodhisattvas du dernier type correspondent aux Védiques Apāntaratamas  et autres. La possibilité de ces incarnations (ava-tāraṇa) malgré leur atteinte d’une Gnose Parfaite, est discutée dans le commentaire de  Śaṅkārācārya dans le Vedānta Sūtras. III.3.30-31. Le passage suivant s’applique aussi au cas du Bodhisattva : « Dans le cas d’êtres de cette sorte, qui en raison d’actes particuliers ont été retenus à des fonctions particulières, l’effet de leurs oeuvres augmenté par leur travail ne meurt pas avant que les travaux soient totalement accomplis. » De telles descentes impliquent une Passion, laquelle  l’ Abhiniṣkramaṇa Siddhārtha offre une instance spécifique.)

Les Devas sont aussi nommés immortels, non pas comme individus, mais par une place occupée (sthāna), et ceci fait alors référence à leur éternité comme Principe. Ainsi, quand nous disons que dans un autre âge un autre individu, cet Indra présent occupera le trône d’Indra. A partir de ce dernier point de vue, dans le Pañcavimṣa Brāhmaṇa.VI.9.15f, les Devas sont nommés ainsi comme une première émanation (prathamam asṛgram), une expression durable (sthita vyāhṛtiḥ), ce qui contraste avec les existences individuelles (mānuṣyaḥ), les « hommes », « les mortels ») dont l’existence est « au jour le jour » (svaḥ svaḥ). Ceci en accord complet avec l’assertion de St Grégoire et de St Augustin, « angelus nomen est officii, non naturae », certains des plus hauts Devas  ne sont pas impliqués à la fin du temps. Aussi « les ordres angéliques…selon la différence de grâce et de nature…resterons toujours …(mais) comme pour l’exécution des offices angéliques, resterons à un certain degré, et cesseront à un certain degré. » – au Jour du Jugement. (St ThomasSum Theo.I.Q.108.A.7).  Comme les décédés sont évoqués comme Devas (et c’est l’une des raisons spécifiques pour laquelle rendre Deva par « Dieu » ou « dieu » est impropre), aussi  » les hommes peuvent mériter la gloire à un tel degré et être l’égal des anges, dans chacun des grades angéliques ; et ceci implique que les hommes soient élevés dans les ordres angéliques. » (St ThomasibidA.8). Donc, il a été suffisamment montré, par un ensemble détaillé de notions correspondantes,  la nature et les fonctions des Devas et des Anges, que le rendu de Deva comme « Dieu » ou « dieu », (note: Les deux ; « Dieu » et « dieu » devraient être exclus des traductions des textes Pali, où Brahmā n’est pas la divinité suprême, mais seulement le plus haut des Anges, et le Buddha n’est pas encore « déifié »,  au moins ne signifie pas plus que « faux dieux ») est seulement légitime quand le Dieu le plus haut, est expressément ou implicitement référé. Et, dans tous, ou presque tous les autres cas le mot « Ange » doit être employé. La même chose doit être faite pour les Yakṣa en de nombreux contextes. Mais les Yakṣa, bien que dans une même hiérarchie ont des ordres divers. Certains étant des fées et des elfes plus que des anges. Il est généralement plus juste de retenir le mot sanskrit originel. Lorsque Deva et Asura arrivent ensembles, la même désignation générique doit être appliquée aux deux (de même que Michael et Satan sont à égalité des « Anges »). Si un choix doit être effectué, il faut traduire Asura par « ange Noir » ou mieux « Daimon ». Il reste à faire remarquer que viṣvedevatāḥ, les « Nombreux Anges », généralement (e.g Bṛhaddevatā.I.69f) signifient les Trois Personnes de la Trinité (tridhā), ce qui est exprimé par Eckhart  (Evans.II.153) : « La foule des anges est infinie », mais « pour celui qui sait la distinction hors du temps et du nombre, une centaine est la même chose que un. »

 

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