A.K.Coomaraswamy. (1877-1947) Un métaphysicien pour notre époque.

( Cet article est un accès limité à la pensée de ce grand métaphysicien trop méconnu. Il a pour objectif de poser quelques liens entre l’Art Sacré et la Métaphysique. Ce site aura pour but de mieux faire connaître ce travail impressionnant.)

                                                                 A.K.Coomaraswamy

« Je considère la pratique actuelle qui consiste à publier des détails sur les vies et les personnalités des hommes connus comme inutile. Il s’agit là de la restauration vulgaire d’une curiosité illégitime. Ce n’est pas de la modestie, mais un principe. » (A.K.Coomaraswamy)

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L’Arbre de Jessé

« Un rejeton sortira de la souche de Jessé, un surgeon poussera de ses racines.
Sur lui reposera l’Esprit de Yahvé, esprit de sagesse et d’intelligence,
esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte de Yahvé :
son inspiration est dans la crainte de Yahvé. Il jugera mais non sur l’apparence.
Il se prononcera mais non sur le ouï-dire. » (Isaïe. XI. 1-3)

Arbre de Jessé. Vitrail. Cathédrale de Chartres.

Cet article The Tree of Jesse and Indian parallels or sources est paru dans Art Bulletin. New.York XI.2 (Juin 1929) (non traduit en Français) est suivi en 1935 par The Tree of Jesse and Oriental parallels, publié dans Parnassus. New York VI.8.
Bien que la forme de l’Arbre de Jessé apparaisse soudainement dans l’art Chrétien au XIème siècle, A.K.Coomaraswamy ne souhaite pas montrer, ou plaider en faveur d’une origine Indienne ou spécifiquement Orientale. Il s’agit pour lui d’un exemple des nombreuses correspondances entre la pensée Chrétienne médiévale et Orientale. Un symbolisme qui semble mieux compris à partir de la dérivation des deux approches représentatives, qui proviennent d’une même Source. Une figuration qui représente une diversité. De même les dialectes d’une tradition spirituelle sont communs à toute l’humanité. De ce point de vue pour A.K.Coomaraswamy il est possible de mettre en correspondances Isaïe.XI.1-3 avec des textes védiques, sans suggérer une quelconque dérivation d’un texte à l’autre. De la même façon que l’Exode XIV, peut correspondre à Ṛgveda III.33 et VII.18, où dans les deux textes les personnes choisies traversent les eaux dans des chars, les eaux se prêtant à un passage facile, tandis que l’ennemi est détruit dans sa poursuite. Pour A.K.Coomraswamy de telles convergences peuvent se multiplier à l’infini, et ne peuvent être accidentelles. Continuer la lecture de « L’Arbre de Jessé »

Art sacré et Symboles

« Pourquoi rencontre-t-on tant d’hostilité plus ou moins avouée à l’égard du symbolisme? » (R.Guénon)

« Le symbole EST ce qu’il exprime. » (A.K.Coomaraswamy)

« Lorsqu’on est face à une cathédrale, la personne ressent réellement qu’elle est placée au centre du monde, se tenant devant une église de la Renaissance, du Baroque ou de la période Rococo, elle se sent seulement être en Europe. » (F.Schuon)

« Tout art sacré se fonde sur une science des formes, sur le symbolisme inhérent aux formes. » (T.Burckhardt)

La compréhension traditionnelle de l’Art sacré nécessite une compréhension du rôle du langage symbolique. Pour R.Guénon, face à l’oubli du savoir de la Tradition Primordiale, le symbolisme est le moyen qui permet d’enseigner les vérités d’ordres supérieures. Celles-ci relevant du savoir essentiel de la Métaphysique pure. C’est parce que les symboles renvoient à un référent Transcendant et non à une réalité perceptible qu’ils sont des symboles et non des signes. Le symbole n’est donc pas un simple signe conventionnel. Il est toujours l’expression d’un archétype. Raison pour laquelle à travers l’Art sacré, le symbolisme parvient à déployer toute sa puissance et sa beauté.

La pensée traditionnelle de cet Art sacré n’est jamais une simple production d’impressions individuelles. Car celle-ci s’origine toujours du langage rigoureux des symboles. L’humanité depuis son origine met sous forme tangible, matérialise, ce qui est imperceptible. Elle crée donc un langage symbolique, avec des images cultuelles à partir de la matière terrestre. Et c’est par ces symboles qu’elle peut entre-voir l’événement spirituel et Divin autrement invisible.

Le langage angélique de l’Art sacré que A.K.Coomaraswamy développe dans la tradition Hindoue. Ainsi, dans Aitareya Brāhmaṇa : toute oeuvre sur terre est réalisée par imitation de l’art des devatā. Pour de métaphysicien les deva correspondent aux Anges de la Chrétienté.

En toute société traditionnelle, l’Art sacré est cette « imitation » de l’Art divin. Et, dans la doctrine Hindoue il est possible d’envisager une telle « imitation » à partir des thèmes de māyā et de līlā. C’est bien d’une telle analogie qu’il s’agit dans la métaphysique indienne. C’est bien dans un Art sacré que toute la capacité évocatrice du symbole se manifeste. Un tel symbolisme possède sa Source par-delà les hommes vers le Principe Suprême. Correspondance analogique entre les états inférieurs formels et l’ordre Suprême. Les significations symboliques dépassent le processus des inventions temporelles des représentations subjectives individuelles. L’univers symbolique est universel et atemporel. Continuer la lecture de « Art sacré et Symboles »

A.K.Coomaraswamy. Le symbolisme de l’épée.

( Cet article est paru dans Etudes Traditionnelles n°217. (1938)

Comme les mots, les symboles tangibles ont leur étymologies : en ce sens, c’est une affirmation universelle que l’épée est « dérivée » d’une « racine » ou d’un archétype qui est l’éclair ; on peut en dire autant du « celt » ou hache préhistorique.

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Le Vedānta et la Tradition occidentale

Le Vedānta et la Tradition occidentale. (A.K.Coomaraswamy)

(Texte publié dans The American Scholar. VIII. (1939)

« Celles-ci sont vraiment les pensées de tous les hommes dans tous les âges et dans tous les pays, elles ne sont originales. »  (Walt Whitman)

Il y eu les enseignements tels que ceux d’Orphée, Hermès, Buddha, Lao-Tseu et le Christ, où l’historicité d’une existence humaine est incertaine, mais à ceux-ci on doit accorder la plus haute dignité d’une réalité mythique.

Shankara, comme Plotin, Saint Augustin, ou Eckhart était certainement un homme parmi les hommes, bien que nous ne connaissions peu de choses concernant sa vie. C’était un Brahmane né dans l’Inde du Sud, dans la première moitié du IXéme siècle, qui fonda un ordre monastique qui survit encore. Il devint un sannyâsin, ou « un homme vraiment pauvre », à l’âge de huit ans, comme disciple d’un certain Govinda, et du propre maître de Govinda, le guru Gaudapada, l’auteur d’un traité sur les Upanishad, en lequel la doctrine essentielle de la non-dualité de l’Etre Divin était posée. Continuer la lecture de « Le Vedānta et la Tradition occidentale »

Métaphysique du Silence

Vers une Métaphysique du Silence.

«  Le silence est le langage des anges, l’éloquence du Ciel et l’art de persuader Dieu.  »

(Jean Chrysostome)

«  Le Silence rapporté au Principe, est, pourrait-on dire, le Verbe non proféré.  » (R. Guénon. Mélanges. Ch V. Silence et solitude.)

 » Il convient encore mieux pour nous de garder le silence sur Celui qui est l’origine de toutes choses  » (Maître Eckhart. Sermon 36a)

«  Le Silence veut dire éloquence  » (Ramana Maharshi. Talks.) Continuer la lecture de « Métaphysique du Silence »